CIO et Cojo, champions du monde de l’ignominie 

Le 30 avril, plus de 500 personnes sont venues manifester devant le Cojo (Comité d’organisation des Jeux Olympiques) à l’appel de trois associations de Seine Saint Denis et avec l’appui d’une vingtaine d’associations (dont notre Collectif Palestine Nord Essonne). L’occasion pour notre camarade N. S. (d’Europalestine) de souligner l’incroyable « deux poids deux mesures » pratiqué par les instances sportives internationales et de rappeler la façon dont Israël traite les sportifs palestiniens. Raison supplémentaire d’appeler au boycott : pas de génocidaires au JO ! Extraits.

(…) C’est ici, en Seine Saint Denis que doivent se dérouler un  grand nombre des épreuves olympiques,

Avec :

– Le stade de France qui accueille l’athlétisme et le rugby.

– Le tout nouveau Centre aquatique et ses 175 millions d’euros de budget mais, pas assez grand paraît-il pour les courses de natation, il se contentera de la natation synchronisée, du water-polo,  et des plongeons.

– L’Arena La Chapelle pour la gymnastique et le badminton.

– Le Bourget pour l’escalade.

– Villepinte pour la boxe et le pentathlon.

– Le Village Olympique, qui doit accueillir 24.000 athlètes, à cheval sur les trois communes de Saint-Denis, Saint-Ouen et l’Île Saint Denis.

– Enfin, à Saint-Denis, le Cojo, Comité d’Organisation des Jeux Olympiques de Paris, cette immense machine mise en place avec un budget de plus de 4 milliards et demi d’euros pour prétendument célébrer la « grande fête du sport ».

Fête du sport ? Parlons-en avec d’abord un rappel.

Israël n’a pas attendu le génocide actuel pour s’en prendre systématiquement à la jeunesse de la Palestine, avec le sport palestinien spécifiquement dans son viseur depuis des décennies maintenant.

Cette répression du sport palestinien est multiforme.

C’est tantôt l’interdiction qui est faite à l’équipe nationale de football de se déplacer à l’étranger et qui se retrouve de fait exclue de compétitions internationales, la Coupe d’Asie par exemple. Ce sont aussi les restrictions d’eau qui empêchent d’avoir des piscines alors que les colons se vautrent dans les leurs.

A l’intérieur même de la Cisjordanie, des équipes se retrouvent bloquées aux innombrables check-points de l’armée d’occupation et ne peuvent même pas disputer des matchs dans des villes ou villages à 10 kilomètres de chez elles.

Sans parler bien sûr, et largement avant le mois d’octobre 2023, de l’interdiction de se déplacer entre la bande de Gaza, Jérusalem et la Cisjordanie.

Comment ne pas évoquer, non plus, la figure de Mahmoud Sarsak, l’étoile montante du football palestinien, arrêté à la sortie de Gaza en 2009, torturé et maintenu 3 ans en détention administrative -c’est-à-dire sans procès, sans même mise en examen-, dont seule une campagne internationale avait permis d’obtenir la libération.

La destruction systématique du sport palestinien par le régime israélien prend des formes infiniment plus sanguinaires.

Tout le monde ne se souvient pas de la grande vague de mutilations opérées par les snipers israéliens lors des grandes marches non violentes de Gaza en 2018, lorsque des centaines de jeunes Palestiniens ont été tués et d’autres blessés par des balles de conception spéciale tirées volontairement à hauteur des genoux, et conduisant à l’amputation du membre. Certains d’entre vous ont probablement vu ces images de jeunes unijambistes disputant malgré tout des matches de foot ou continuant leurs entraînements de cyclistes : leur extraordinaire résilience fait qu’ils n’ont pas renoncé, mais tous les rêves qu’ils pouvaient nourrir de compétitions de haut niveau se sont évanouis pour toujours.

Depuis octobre dernier, les massacres de l’armée israélienne n’ont pas épargné les sportifs palestiniens.

Selon un pointage du journaliste palestinien Ayham al Ahly en date du 5 avril, on comptait déjà 179 sportifs assassinés, dont 104 footballeurs.

Le journaliste cite notamment :

– Youssef Hamadeh, 21 ans, du club La Jeunesse de Jabalia.

– L’arbitre international Mohamed Khattab, sa femme et ses 4 enfants tués dans un bombardement sur Deir el Balah.

– Le judoka Abdelhafiz al Mahbouh.

– Le basketteur Bassem al Nabahin, à al Bourej.

– Omar Abou Shawish dirigeant  de la Fédération de la Culture Sportive.

– Ahmad Awad Salman, footballeur.

– Les joueurs du club Hilal de Gaza Mohamed et Mahmoud Abou Dan, assassinés avec toute leur famille.

– Et aussi Mohamed Ghanan, Abdallah et Mohamed Abou Sneima, Oussama Abou Nahar, ce dernier à Tulkarem en Cisjordanie occupée.

– La championne de karaté Nagham Abou Samara, à Nousseirat, a été gravement blessée dans un bombardement de l’aviation israélienne. Amputée d’une jambe, elle n’a pas pu être évacuée du territoire martyr. Et elle est morte après un mois de souffrances, à l’âge de 26 ans.

Et pourquoi y aurait-il encore des équipements sportifs si on a décidé de tuer les joueurs, se demande l’armée israélienne ?

Alors elle détruit tous les stades en même temps que le reste, et transforme le principal stade de la bande de Gaza, le stade du Yarmouk, en centre de tortures et d’exécutions sommaires, stade qu’elle avait déjà ravagé avec ses bombes il y a douze ans.

Début avril, on comptait 28 installations sportives détruites, dont 22 dans la bande de Gaza et 6 en Cisjordanie. L’un des massacres les plus récents a touché le siège du Shujaya Union Club, où 15 réfugiés qui croyaient y avoir trouvé un abri sont morts.

Mais les dirigeants du sport olympique ferment les yeux et se bouchent les oreilles.

Ils choisissent même comme porte-parole officieuse la patronne du sport israélien Yael Arad, opportunément nommée au Comité International Olympique en octobre 2023, alors que les bombardements avaient déjà fait des milliers de morts. 

Et celle-ci peut alors déclarer, sans être contredite par ces mêmes dirigeants et les médias qui leur emboîtent le pas, qu’il ne faut pas mélanger le sport et la politique, TOUT VA BIEN au contraire entre le sport palestinien et le sport israélien, la collaboration est parfaite etc.  C’est évidemment un odieux mensonge, et on a vu comment, lors des Jeux Olympiques de Londres, des nageurs israéliens avaient publiquement déclaré qu’ils représentaient non seulement leur pays, mais carrément l’armée de celui-ci, dont ils étaient très fiers.

La délégation que se propose Yael Arad de conduire à Paris et d’y loger 55 athlètes au village olympique représente donc incontestablement , avec son drapeau (et son hymne, en cas de victoires) un régime meurtrier, un régime génocidaire comme l’affirment désormais publiquement les experts des Nations-Unies.

Mais non contents de réserver les honneurs à Israël, ces mêmes dirigeants internationaux essaient d’enfoncer encore plus qu’il ne l’est le sport palestinien. La Fédération internationale de football vient ainsi de refuser à l’équipe palestinienne le droit de se délocaliser en Algérie, faute de pouvoir s’entraîner à domicile. Le motif  ? L’Algérie est en Afrique alors que la Palestine est en Asie, alors « ça va pas le faire », a dit la Fifa. Mais c’est la même qui accueille Israël… dans les compétitions européennes.

Le président de la fédération européenne de football, l’UEFA, a fait encore mieux dans l’ignominie. Il adresse ses condoléances à la seule fédération israélienne, et inflige une amende au club écossais du Celtic de Glasgow, parce que des supporters avaient brandi des drapeaux de la Palestine dans les tribunes !

De tout cela, le Comité International Olympique (CIO) qui siège à Lausanne en Suisse est comptable.

Ce même CIO, qui en février 2022 n’avait mis que 4 jours après l’invasion de l’Ukraine pour se saisir du dossier et décider illico de l’exclusion de la Russie (et de son alliée la Biélorussie) des J.O de Paris, ose dire que la situation en Palestine n’a rien à voir avec cela, et qu’Israël peut très normalement être invité !

La trentaine de nos députés de l’Assemblée Nationale, principalement LFI et écologistes, qui ont écrit au président du CIO Thomas Bach lui ont justement rappelé à ce propos que la guerre en Ukraine a fait 10.000 tués parmi les civils en deux ans, alors qu’à Gaza, en six mois « seulement », ce sont 40.000 civils, majoritairement des femmes et des enfants, qui sont morts sous les bombes et la mitraille.

Et ils enfoncent le clou en soulignant qu’à Gaza, c’est bien de génocide, le crime des crimes comme disent les juristes, qu’il est aujourd’hui question.

Nous parlons du CIO à Lausanne, mais le COJO à Saint-Denis est tout aussi responsable de la morale des Jeux, et c’est bien à lui que nous demandons des comptes.

Nous sommes là d’abord pour lui rappeler que le mouvement mondial de lutte contre l’apartheid avait conduit, dès 1964, à exclure l’Afrique du Sud des Jeux Olympiques, et ce, jusqu’en 1992, lorsque les Noirs de ce pays et leur leader Nelson Mandela avaient enfin gagné leur liberté.

Douze ans plus tard, en1976, 22 pays africains, animés d’une juste colère parce qu’un autre pays, la Nouvelle-Zélande, fricotait encore avec le sport officiel de l’apartheid, décidaient de boycotter les Jeux de Montréal, et ils avaient raison.

Comme avaient raison les sprinters afro-américains Tommie Smith et John Carlos aux Jeux Olympiques de Mexico de 1968, où ils levaient le poing fermé en haut de leur podium, pour exiger l’égalité entre Blancs et Noirs dans leur pays.

Ils avaient eux aussi raison (petite parenthèse, je ne parle pas ici des Jeux Olympiques mais l’enjeu est le même) le footballeur algérien Rachid Mekhloufi et ses camarades qui claquaient la porte du championnat de France, le pays colonisateur, pour aller fonder, en pleine guerre, la première équipe nationale de l’Algérie pas encore indépendante !

Les députés demandent qu’Israël soit privé aux JO de drapeau, d’hymne national et de toutes participations aux diverses cérémonies, quitte à ce que les athlètes israéliens, pris comme des personnes individuelles, puissent participer aux épreuves.

Il s’agit là d’une revendication raisonnable, très modérée en somme.

Et elle s’adresse très concrètement aux dirigeants du Comité d’Organisation.

Le Cojo français, qui a tous pouvoirs sur l’organisation des Jeux de Paris, ne peut pas se mettre aux abonnés absents et nous dire que tout se passe à Lausanne.

Quatre de ses dirigeants sont également membres du Comité siégeant à Lausanne, avec lequel ils sont en relations constantes pour toutes les questions importantes, et la présence ou pas de l’État génocidaire en fait partie.

Il s’agit de 4 anciens médaillés olympiques français, dont le Président du Cojo Tony Estanguet, l’ancien cycliste David Lappartient, le champion de biathlon Martin Fourcade, et l’ancien ministre et champion du 110 mètres haies Guy Drut.

C’est leur silence que nous dénonçons. Car le silence tue, et le Cojo se rend complice du génocide.

Notre rassemblement marque le début de l’indispensable campagne que nous allons mener pour mettre fin au scandale.

Comme vous le savez, les Jeux ouvrent dans trois petits mois, 87 jours et en fait un peu moins car les compétitions de football démarrent dès le 24 juillet, avec un match devant théoriquement opposer le Mali à devinez qui ?: Israël.

Alors, pas un seul jour ne doit être maintenant perdu pour notre campagne. Ce sont plus de 300 clubs sportifs palestiniens qui nous le demandent.

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