A l’EHESS, le Comité Palestine ne désarme pas !
Grandes écoles, universités et même lycées : le régime Macron s’énerve de découvrir une jeunesse étudiante non lobotomisée et capable de se soulever pour mettre fin à un génocide. Comme si ces fameux droits de l’homme, si souvent invoqués par « l’occident », devaient s’appliquer aux peuples colonisés ! Aux « têtes bien faites », le pouvoir ne sait opposer que ses matraques. Une de nos militantes a vécu cela à l’EHESS…
Lundi dernier, les étudiants du comité Palestine de l’École des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS) ont mis en place une « occupation ouverte » de leur campus Condorcet (à Aubervilliers). Cette occupation était censée se prolonger jusqu’à ce que le président accepte leurs demandes. A savoir : condamnation d’Israël pour non-respect du droit international, condamnation de la colonisation, de l’apartheid et du génocide en cours, soutien public des étudiants réprimés de l’EHESS et des autres écoles, engagement à ce qu’il n’y ait pas de partenariat avec des universités israéliennes et initiatives pour nouer des partenariats avec des universités palestiniennes.
En clair, le campus était ouvert à tout un chacun pour écouter notamment des interventions de chercheurs en sciences sociales travaillant sur la Palestine et les questions associées. De multiples animations étaient proposées, telles qu’ateliers d’écriture, lectures de texte, interventions de militants d’Urgence Palestine, mais aussi de Kanaky ou du Cachemire, dont les luttes anticoloniales ont vocation à converger…
Pendant ce temps, les séminaires habituels avaient lieu normalement.
Mercredi, coup de théâtre : après deux jours et deux nuits de cette efferverscence militante, le président de l’EHESS, Romain Huret, a décidé de faire appel aux « forces de l’ordre ». Une dizaine de cars de CRS sont venus sur le campus. Les policiers entrés dans l’établissement ont fait sortir tout le monde à l’exception d’un certain nombre d’étudiants maintenus à l’intérieur et menacés de garde à vue. Ils ont été finalement relâchés.
Aveu d’échec des autorités à rétablir leur ordre : le bâtiment a été fermé, à l’instar de la Sorbonne une semaine plus tôt. Mais si l’occupation a été ainsi brutalement arrêtée, la mobilisation quant à elle continue. Dès ce jeudi, le Comité Palestine du campus a appelé à un rassemblement sur place à 12H30 afin d’exiger la réouverture du bâtiment.
Voir tout l’historique du mouvement sur le site de l’agence Média Palestine :
Palnord91
Quelques nouvelles depuis l’EHESS, parce que ces gens se pensent intouchables et qu’il faut que ça sorte de l’enceinte de l’école. Depuis que le président Romain Huret a appelé les CRS pour démanteler l’occupation ouverte le 15 mai, le principal bâtiment de l’école (Aubervilliers) est fermé et le bâtiment se trouvant au 54 Bd Raspail est contrôlé à l’entrée. La porte principale est fermée, des gardes font passer les personnes par un petit passage mais il est nécessaire d’avoir une certaine carte. Aucun étudiant n’a cette carte et certains professeurs ne savent même pas à quoi elle ressemble. Pour rappel, l’occupation ouverte n’entravait pas la tenue des cours et le travail du personnel. Romain Huret quant à lui trouvait que les drapeaux palestiniens avaient choqué certaines personnes. En bref, depuis, tous les masters de l’école s’expriment tour à tour avec des communiqués appelant à la réouverture, à la fin du système de contrôle, à ce que la présidence accepte les revendications initiales.
Hier, le conseil scientifique était réuni et une élue étudiante lisait un communiqué. Elle fut agressée verbalement et physiquement. Depuis les demandes ont changées, on y ajoute la démission de Romain Huret et du conseil scientifique. Après Sciences po, l’ENS, la Sorbonne, c’est l’EHESS qui est fermée parce qu’ils ont peur des étudiants. Ils voulaient le maintien des activités mais ils les ont eux mêmes mis en suspens. Ce dernier événement n’était que la goutte d’eau. Mis à part deux ou trois chercheurs de l’école, personne ne parle en soutien des étudiants. Un chercheur, le seul qui partage des articles à propos de Gaza dans la liste des mails de l’école, a même reçu des messages d& #39;intimidation de la part d’un autre professeur assez réputé pour qu’il arrête de les partager. L’occupation « Leïla Khaled » (ainsi nommée d’après la résistante palestinienne), le temps qu’elle a duré, fut un des plus beaux mouvements qui m’aient été donnés à voir en deux ans dans cette institution. Ce ne doit être que le début. Il ne faut absolument pas que ces personnes pensent que tout leur est permis sans conséquence.
Une étudiante